L’eucharistie, appelée la Cène du Seigneur ou la Sainte Cène chez les protestants est un sacrement chrétien dans lequel on partage le pain et le vin, comme le Christ l’avait institué dans Matthieu 26:26-38 et dans Luc 22:19:20.
Mais quelles sont les différences entre l’eucharistie catholique et la Sainte Cène protestante ?
Les passages bibliques
Matthieu 26:26-28 :
“Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.”
Luc 22:19-20 :
“Ensuite il prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant: Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même la coupe, après le souper, et la leur donna, en disant: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous.”
Jean 6:53-58 :
“Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts: celui qui mange ce pain vivra éternellement.”
1 Corinthiens 11:23-29 :
“Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit: Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe; car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même.”
1 Corinthiens 10:16-17 :
“La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion au sang de Christ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion au corps de Christ? 17Puisqu’il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps; car nous participons tous à un même pain.”
Dans le catholicisme
L’Eucharistie, dans la tradition catholique, est un sacrement et un sacrifice de remerciement et de communion. Elle consiste en la consécration du pain et du vin, qui deviennent le corps et le sang du Christ. Le pain, appelé l’hostie, symbolise le corps du Christ, tandis que le vin représente son sang.
Les prêtres consacrent ces éléments et les distribuent aux fidèles, mais la communion sous les deux espèces (pain et vin) n’est pas systématique. Dans la pratique catholique, il est courant que les fidèles ne reçoivent pas le vin consacré lors de l’Eucharistie, mais que seuls les prêtres le boivent. La pratique de ne donner que l’hostie aux laïcs lors de l’Eucharistie a des raisons théologiques ainsi que pratiques. Selon le Concile de Trente (1545-63), lorsque l’on reçoit soit l’hostie, soit le vin, on reçoit la plénitude du corps, du sang, de l’âme et de la divinité de Jésus. Recevoir les deux n’est donc pas nécessaire pour le sacrement. De plus, il y a des considérations pratiques qui contribuent à cette pratique, telles qu’éviter que le vin ne se déverse, et assurer une distribution ordonnée.
Théologiquement l’eucharistie catholique est appelée une “transsubstantiation”. La “transsubstantiation” fait référence à l’enseignement officiel de l’Église catholique qui enseigne que durant sacrement un changement miraculeux se produit : toute la substance du pain devient la substance du corps du Christ, et toute la substance du vin devient la substance de Son sang. Bien que l’apparence extérieure du pain et du vin reste inchangée, il s’agit du corps et du sang du Christ. On appelle cela la Présence Réelle du Christ dans l’Eucharistie. Le Quatrième Concile du Latran (1215) a exprimé cette doctrine en utilisant le terme de “transsubstantiation”. La manière précise dont ce changement s’opère demeure un mystère : “Les signes du pain et du vin deviennent, d’une manière dépassant notre compréhension, le Corps et le Sang du Christ”
L’Exposition du Saint-Sacrement est une pratique révérencielle dans le catholicisme où l’Eucharistie consacrée (le pain représentant le corps du Christ) est exposée pour que les fidèles l’adorent. Lorsque l’Eucharistie est exposée en continu (24h/24, 7j/7), on parle d’adoration perpétuelle. Les monastères, les couvents et certaines paroisses pratiquent cela.
Dans le protestantisme
Les trois perspectives protestantes sur l’eucharistie
L’eucharistie, également appelée la Cène du Seigneur ou la Sainte Cène, occupe une place centrale dans les églises protestantes. La plupart des dénominations protestantes adhèrent à l’une des trois perspectives suivantes concernant la nature du pain et du vin (mais ces vues peuvent varier d’une congrégation à l’autre, même au sein de la même tradition) :
- Consubstantiation : Le pain et le vin restent physiquement inchangés, mais ils sont spirituellement présents avec le corps et le sang du Christ. La substance du pain et du vin coexiste avec le corps et le sang de Christ dans la Cène. C’est comme si l’eau était absorbée par une éponge sans que l’éponge ne devienne de l’eau. Le pain et le vin restent ce qu’ils sont, mais Christ est présent avec eux. Cette perspective est adoptée par les églises luthériennes puisqu’elle est associée à Martin Luther.
- Union mystique : La Cène est un acte de souvenir mais dans lequel Christ est spirituellement présent. Le croyant se rappelle le sacrifice de Jésus sur la croix et par la foi, est uni à Christ. C’est une union mystique entre le croyant et le Christ, la présence de Christ est spirituelle. Le pain et le vin ne sont pas seulement des symboles, mais ils renforcent l’union continue du croyant avec le Christ. Cette vision de la Cène a été développée par Jean Calvin et est la perspective adoptée dans les églises réformées.
- Mémorial symbolique : Les paroles du Christ « Ceci est mon corps » devraient être comprises comme un symbole. La Cène est un mémorial symbolique, une cérémonie où le croyant proclame sa réconciliation avec Dieu grâce au sang versé par Jésus. Le pain et le vin ne sont que des symboles rappelant le sacrifice du Christ. Ulrich Zwingli, un réformateur suisse, a défendu cette perspective. L’influence de l’interprétation de Zwingli peut être trouvée dans les églises baptistes ou les églises non-dénominationelles (non confessionnelles).
Bien que chaque individu puisse avoir son interprétation propre sur la Sainte Cène, ces trois perspectives sont les plus courantes au sein du protestantisme.