Doit-on le Nouveau Testament à l’Église Catholique ? (ou la bible est-elle tombée du ciel ?)
III. Le Nouveau Testament :
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Le développement du NT d’après le NT
Avant d’ouvrir ensemble le NT et d’examiner les différents textes, je voudrais vous rappeler la fiabilité des textes du NT. Nous disposons aujourd’hui d’un nombre remarquable de copies de manuscrits du Nouveau Testament grec. En fait, nous avons plus de 5 500 copies de manuscrits grecs, sans compter le latin, le syriaque, le copte ou d’autres manuscrits dans d’autres langues. C’est un nombre étonnamment élevé pour un document aussi ancien que le Nouveau Testament. Si l’on compare cela par exemple à l’historien antique Tacite de la même époque, nous ne disposons que de deux copies des manuscrits de ses œuvres (+). Donc il y a un nombre étonnamment élevé de copies de manuscrits grec du NT (+). Il y a en fait tellement de témoins différents des premiers textes du Nouveau Testament que, là où un manuscrit peut contenir des erreurs, il y a des milliers d’autres à comparer avec ce manuscrit pour aider les chercheurs à déterminer quelle était probablement la formulation originale (+). Le NT est de loin le texte le plus fiable de tous les textes historiques de l’Antiquité. Donc, si nous voulons savoir comment le NT est né, la source la plus fiable sera le NT lui-même. Non seulement cela, mais en tant que chrétiens, nous croyons que le NT est inspiré de Dieu, que ce sont les Écritures Saintes. Que nous soyons catholiques, orthodoxes ou protestants, c’est la croyance officielle de ces groupes, encore une fois, lisez votre catéchisme si vous n’êtes pas sûr). Mais beaucoup de gens commencent l’histoire du canon du Nouveau Testament dans les années 300 (le 4ème siècle) lorsque commencent les conciles et les synodes de l’Eglise. Cela semble peu judicieux de commencer 300 ans après les événements. Dans cette vidéo nous nous intéresserons d’abbord au premier siècle, aux textes du NT. Tous les textes du Nouveau Testament ont été écrits à la fin du 1er siècle (c’est-à-dire l’an 100). Nous voulons examiner ce que ces textes disent d’eux-mêmes et ce que les différents textes disent les uns des autres. Ceci nous permettra de savoir ce que l’Église pensait d’eux. Nous étudierons ensuite les documents datant des siècles qui ont suivi.
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La persécution des premiers chrétiens
Maintenant, si vous vous souvenez de notre petite frise chronologique du début, le Nouveau Testament a été écrit à une époque où les chrétiens étaient persécutés. Ils furent massivement tués pour leur foi. Les persécutions à travers l’Empire romain ont conduit les chrétiens à se déplacer et à vivre dans différentes parties du monde. Les chrétiens recevaient donc les instructions des apôtres et de leurs associés par le biais de lettres. Et certaines de ces lettres font partie de notre NT. Il n’y avait pas une autorité centrale qui soit dans un lieu géographique, car, s’il y avait eu une grande église avec tous les dirigeants de l’église réunis pour des conciles et des choses comme ça, les Romains auraient évidemment tout détruit. Ainsi, pendant les 300 premières années, il n’y avait aucune autorité centrale qui soit dans un lieu géographique unique. L’autorité venait des enseignements des apôtres et leurs enseignements écrits furent très rapidement copiés, conservés et diffusés. Comme nous le verrons à partir du Nouveau Testament, ces textes étaient considérés comme les Écritures, comme la Parole de Dieu, dès leur rédaction et étaient donc traités comme tels et massivement copiés. Et c’est pourquoi nous en avons tant d’exemplaires aujourd’hui.
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L’autorité des enseignements des apôtres
Cinq principes basiques pour comprendre l’autorité du NT.
Nous devons comprendre cinq principes de base pour comprendre d’où vient l’autorité des textes du NT:
3.1. Jésus a parlé avec l’autorité de Dieu le Père. Il existe de nombreux versets qui enseignent cela, en voici juste quelques-uns :
- Jean 12 :49 : « Car je n’ai point parlé de moi-même ; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et ce que je dois enseigner. »
- Hébreux 1 :1-2 : « 1 Après avoir, à plusieurs reprises et en diverses manières, parlé autrefois à nos pères par les Prophètes, Dieu, 2 dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, et par lequel il a aussi créé le monde. » L’ancien message venait des prophètes et le nouveau message vient du Christ.(+)
3.2.Jésus avait des apôtres et ses apôtres ont été envoyés avec son autorité. Apôtre signifie quelqu’un qui est envoyé (du grec ancien « apóstolos », littéralement « celui qui est envoyé ») Certains versets qui enseignent cela sont :
- Jean 17 :18 Jésus priant le Père : « Comme vous m’avez envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. »
- Actes 10 :42-43 « 42 (+) Et il (Jésus) nous a commandé de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui que Dieu a établi juge des vivants et des morts. 43 Tous les prophètes rendent de Lui ce témoignage, que tout homme qui croit en Lui reçoit par son nom la rémission de ses péchés.» Jésus avait des apôtres et les chargea d’être ses porte-paroles dans le monde.
3.3. Les apôtres ont parlé à l’Église avec l’autorité du Christ et ont établi ce qu’est le christianisme et ce que ce n’est pas / Les enseignements des apôtres sont à égale autorité avec les enseignements des prophètes de l’AT . Quelques versets qui enseignent cela :
- Ephésiens 2 :19-20 : « 19 Ainsi donc vous (…) êtes sur le fondement des apôtres et des prophètes, dont Jésus-Christ lui-même est la pierre angulaire.» Cette expression ‘apôtres et prophètes’ que l’on rencontre plusieurs fois dans le NT est importante, car elle les unit comme ayant une autorité égale. Ici c’est l’apôtre Paul qui écrit aux Chrétiens d’Ephèse mais l’apôtre Pierre regroupe aussi les apôtres et des prophètes. Cette affirmation serait considérée comme blasphématoire, surtout pour les apôtres qui étaient juifs, s’ils ne considéraient pas déjà leurs enseignements comme étant égaux à l’autorité des prophètes. Rappelez vous que tous les apôtres sont juifs, et donc de mettre au même niveau les écrits des prophètes de l’AT et leurs propres écrits n’est pas anodin.
- 2 Pierre 3 :1-2 : « (…) je m’adresse à vos souvenirs, pour exciter votre saine intelligence 2 à se rappeler les choses annoncées d’avance par les saints prophètes, et le commandement du Seigneur et Sauveur, enseigné par vos apôtres. » On note ici que l’apôtre Pierre regroupe les commandements des apôtres avec les prophètes de l’Ancien Testament. Encore une fois, nous voyons les prophètes et les apôtres réunis au même niveau. (2 Pierre 3 un chapitre clé, nous le citerons à nouveau plus tard).
- 1 Thessaloniciens 2 :13 : « 13 C’est pourquoi nous aussi, nous ne cessons de rendre grâces à Dieu, de ce qu’ayant reçu la divine parole que nous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme une parole de Dieu. C’est elle qui déploie sa puissance en vous qui croyez..» Les apôtres étaient de toute évidence conscients que ce qu’ils enseignaient était bien la Parole de Dieu. Ce n’est pas comme si des gens avaient trouvé leurs lettres personnelles et décidé d’en faire la règle du Christianisme. Ils savaient qu’ils écrivaient et enseignaient avec l’autorité de Dieu lui-même
- 1 Corinthiens 3 :10-11 : «10 Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, j’ai, comme un sage architecte, posé le fondement, et un autre bâtit dessus. Seulement que chacun prenne garde comment il bâtit dessus. 11 Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui est déjà posé, savoir Jésus-Christ.» Nous revenons ici à un principe dont nous avons discuté dans l’Ancien Testament, le principe de cohérence, le principe que tous les enseignements des Écritures doivent être cohérents les uns avec les autres, sinon ils ne peuvent pas être considérés comme étant des Écritures inspirées de Dieu. Aucun enseignement ne peut être enseigné qui contredise ce qui a déjà été transmis. Les apôtres ont bâtit la foi chrétienne sur le fondement qui est Jésus-Christ.
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3.4. Les écrits des apôtres portent la même autorité qu’eux.
La parole écrite des apôtres ne pourrait avoir moins d’autorité que ce qu’ils disaient. Par exemple, si je vous dis quelque chose et que je l’écris ensuite, est-ce que vous penseriez que ce qui est écrit à moins de valeur que ce que j’ai dit ? Non, bien au contraire. La parole écrite de quelqu’un est généralement les idées bien réfléchies de cette personne. Et en plus, c’est permanent.
- 2 Pierre 3:1-2 « 1 Mes bien-aimés, voici déjà la seconde lettre que je vous écris : dans l’une et dans l’autre, je m’adresse à vos souvenirs, pour exciter votre saine intelligence 2 à se rappeler les choses annoncées d’avance par les saints prophètes, et le commandement du Seigneur et Sauveur, enseigné par vos apôtres.» L’apôtre Pierre explique pourquoi il a écrit ses lettres. Il les a écrites pour qu’il y ait un registre permanent de l’enseignement apostolique qui fait autorité dans l’Église. Il est important pour lui que cela soit écrit.
- 2 Pierre 3 :15-16 « 15 Croyez que la longue patience de Notre-Seigneur est pour votre salut, ainsi que Paul, notre bien-aimé frère, vous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée.16 C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres où il aborde ces sujets ; il s’y rencontre des passages difficiles à entendre, et que des personnes ignorantes et mal affermies détournent, comme elles font les autres Ecritures, pour leur perdition»
Considérez que la patience de notre Seigneur est votre salut, comme Paul, notre frère bien-aimé, vous l’a aussi écrit selon la sagesse qui lui a été donnée. 16C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres où il parle de ces sujets ; il s’y trouve des passages difficiles à comprendre, dont les gens ignorants et mal affermis tordent le sens, comme ils le font aussi avec les autres Ecritures, pour leur propre perdition.
Ce verset est clé lorsque l’on parle de la canonicité du NT. Premièrement l’apôtre Pierre affirme l’apostolat de Paul. Deuxièmement, il affirme que ses écrits font autorité. Il appelle les écrits de Paul les Écritures, même s’ils sont tous deux encore en vie et encore en train d’écrire les Écritures. Et troisièmement il affirme toutes les lettres de Paul. Il dit que ce sont “toutes les lettres” de Paul qui sont les Écritures. Pas juste une. Remarquez aussi l’environnement ici, est-il en train de démontrer que les écrits de Paul sont des Écritures ? Est-ce qu’il défend cet argument ? Non, il en parle comme quelque chose d’évident. C’était l’environnement des premiers chrétiens à l’époque, ils savaient que les écrits des apôtres étaient les Écritures. Ils savaient qu’elles étaient autant les Ecritures que les textes de l’AT. Nous pouvons voir grâce à ce verset que pendant que le Nouveau Testament était encore en cours d’écriture, certains livres du Nouveau Testament qui avaient déjà été écrits étaient déjà considérés comme les Écritures.
- 1 Timothée 5:18 : Le passage que nous avons vu dans la premiere vidéo « 18 Car l’Ecriture dit : ” Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le blé. ” [Deut 25 :4] Et : ” L’ouvrier mérite son salaire. ” » [Luc 10 : 7] Ici, l’apôtre Paul cite à la fois l’Ancien Testament et le Nouveau Testament et il les appelle tous deux Écritures. Notez que Paul ne plaide pas pour que l’évangile de Luc soit une Écriture, il en fait juste un fait. Il n’y avait aucun débat à ce sujet, c’est juste une acceptation naturelle et rapide de la Parole de Dieu dans l’Eglise.
3.5.Les enseignements font plus autorité que les apôtres eux-mêmes
Bien entendu, à l’époque où les apôtres étaient encore en vie, les enseignements parlés des apôtres faisaient encore autorité pour les chrétiens. Mais maintenant qu’ils ne sont plus là, ce que nous avons, ce sont leurs enseignements écrits. La Bible seule. Sola Scriptura. Il est important de comprendre qu’à l’époque où les apôtres de Jésus étaient encore en vie, ils représentaient l’autorité, ainsi que leurs écrits et les écrits de l’Ancien Testament. Mais maintenant nous n’avons que les écrits. Mais pourtant, même quand les apôtres étaient encore en vie, leurs enseignements faisaient plus autorité qu’eux-mêmes. Oui on peut dire que leurs enseignements des apôtres faisaient plus autorité que les apôtres eux-mêmes. On peut dire d’après Galates chapitre 1 (et aussi chapitre 2) que les apôtres étaient eux-mêmes soumis aux enseignements qui avaient déjà été enseignés, même les leurs.
Lisons quelques versets. Ceci est écrit par Paul aux chrétiens de Galatie (+).
« 6 Je m’étonne que si vite vous vous laissiez détourner de celui qui vous a appelés en la grâce de Jésus-Christ, pour passer à un autre Evangile :
7 non certes qu’il y en ait un autre ; seulement il y a des gens qui vous troublent et qui veulent changer l’Evangile du Christ.
8 Mais quand nous-mêmes, quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème !
9 Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure, si quelqu’un vous annonce un autre Evangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! »
Paul affirme ici, que même si lui-même annonçait un Evangile autre que celui qu’il a déjà annoncé, (cet Evangile a été annoncé d’avance dans l’AT (Gal 3:7) et annoncé par Jésus), qu’il soit anathème (maudit). Même si un ange venait du ciel pour donner une nouvelle révélation, un nouvel Évangile, qu’il soit anathème. Et comme Paul le dit plus tard, dans le chapitre 2 verset 16, dans le véritable l’Evangile “l’homme est justifié, non par les œuvres de la Loi, mais par la foi dans le Christ Jésus.” Donc ce qui est fascinant ici, c’est que Paul se met lui-même dans le groupe de personnes qui seraient anathèmes s’ils annonçaient un autre Evangile. En fait il dit que si jamais il revenait sur ses paroles et qu’il changeait d’avis, alors ce qu’il dirait ne ferait pas autorité, parce que le message de Dieu a déjà été annoncé (il en est l’un des messagers) et c’est le message qui fait autorité, ce n’est pas le messager. Si on continuait notre lecture de la lettre aux Galates, on verrait dans le chapitre 2 que l’apôtre Paul reprend l’apôtre Pierre parce que – selon ses mots – “il était digne de blâme.” (v11) et que lui et les autres dirigeants de l’église “ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Evangile.” (v14). La lettre au Galates nous le confirme donc de plusieurs manières : les apôtres ne sont pas infaillibles. C’est le message qu’ils ont transmis auquel il faut s’accrocher, pas les hommes qui l’ont transmis.
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Conclusion le développement du NT d’après le NT
Nous avons vu que le canon du Nouveau Testament fait autorité parce que cette autorité est de Dieu, à travers Jésus et ses apôtres. Nous avons vu, grâce aux preuves contenues dans les textes eux-mêmes, que les apôtres savaient qu’ils écrivaient des Écritures inspirées de Dieu, et que les premiers chrétiens savaient que de nouvelles Écritures inspirées de Dieu étaient en cours d’écriture. Nous avons vu que déjà quelques livres du NT avaient été reconnus comme Écritures. Nous avons vu aussi, que l’enseignement des apôtres faisaient plus autorité que les apôtres eux-mêmes.
V. L’Église primitive
Nous allons maintenant nous pencher sur l’époque après le Nouveau Testament, l’époque de l’Église primitive. Et nous allons examiner le processus par lequel l’intégralité du Nouveau Testament a été reconnue par les premiers chrétiens.
1. Différentes écoles de pensée
Mais avant de voir le développement du canon il est d’abord important de reconnaître qu’il existe ici plusieurs écoles de pensée. On pourrait dire qu’il y a trois écoles de pensée. Nous avons tous accès aux mêmes faits historiques, nous avons tous accès aux mêmes documents et à la même information, mais pourtant nous en venons à trois conclusions différentes.
Les faits que nous allons étudier de plus près sont que la plupart des livres du NT étaient distribués et reconnus dans les églises avant la fin du premier siècle mais quil n’y a pas eu d’accord officiel et universel sur le canon du NT avant la fin des années 300.
Ce sont le résumé des faits historiques, mais il y a trois écoles de pensée et elles se basent toutes sur les mêmes faits de base.
D’un côté, il y a les sceptiques. Ce sont des intellectuels athées, ils voudraient discréditer la Bible. Ils disent que puisqu’il n’y a pas eu d’accord officiel et universel sur le canon avant la fin des années 300, la Bible a donc été inventée. Ils voudraient faire croire que le Christianisme est une religion inventée par des hommes au temps des conciles lorsque le christianisme devint la religion de l’empire romain.
Nous allons voir que, bien que l’histoire nous montre en effet que le canon ait été reconnu progressivement, cela ne veut pas dire que le canon ait été fabriqué par des hommes. Pourquoi s’attendre à ce que la Bible soit reconnue aussitôt qu’elle fut écrite ? Les textes du NT ont été écrits progressivement, au fil du temps. Et ils ont été écrits depuis des lieux géographiques très différents, à une époque où voyager n’était ni facile ni rapide. Les textes du NT ont été écrits alors que les chrétiens étaient persécutés dans tout l’empire romain, nous ne pouvons donc pas nous attendre à ce qu’ils se mettent immédiatement d’accord sur tous les textes en circulation, ou même qu’ils aient tous ces textes à leur disposition aussitôt que la Bible fut finie. Le fait que le canon de la Bible ait été reconnu progressivement, ne discrédite pas que ce canon vienne de Dieu. Dieu opère à travers l’histoire, et à travers Son peuple, comme nous l’avons vu avec le canon de l’AT. Jésus a dit : « Mes brebis entendent ma voix, et je les connais, et elles me suivent » (Jean 10 :27). Nous pouvons donc nous attendre à ce que l’Église chrétienne finisse par s’entendre sur le canon des Écritures. Dieu œuvre à travers l’histoire et à travers Son peuple.
Puis il y a les apologistes catholiques. Ils utilisent le même argument de départ mais en viennent à une conclusion différente. Ils disent que puisqu’il n’y a pas eu un accord officiel et universel sur le canon avant la fin quatrième siècles, l’Église catholique a donc, à travers les conciles, défini ce qu’est le canon des Écritures. Maintenant, cet argument pose plusieurs problèmes. D’abord d’un point de vue catholique, il n’y a pas eu d’accord officiel et universel avant le 16e siècle. D’un point de vue catholique, le canon a été défini de façon officielle et universelle seulement au cours du concile eucuménique de Trente, à la quatrième session, en 1546. Donc pas dans les années 300.
Donc pendant les 400 premières années après Jésus Christ, il n’y a eu aucun concile eucuménique qui définisse le canon du NT ou de l’AT. Il y a eu des conciles régionaux et des individus chrétiens qui parlèrent du canon, mais rien d’officiel et d’eucuménique. En fait, c’est pour cette raison qu’on peut voir tant de désaccords dans l’histoire de l’Église Catholiques en ce qui concerne le canon de l’AT. Nous avons abordé ces sujets là lorsque nous étudions l’AT, dans la vidéo précédente. C’est le concile de Trente de 1546 qui a mit tout le monde d’accord, puisqu’il déclare que ceux qui ne le sont pas sont anathèmes (ils sont maudits de l’EC).
L’autre problème de cette argument, c’est que même si l’EC avait de façon officielle et universelle reconnu le canon de la Bible pendant les premiers siècles (et ce n’est pas le cas), ça ne donnerai pas à l’EC moderne une autorité particulière, puisque les juifs ont reconnu le canon de l’AT et n’ont pas autorité sur la Bible et sur les Chrétiens.
De plus pouvons nous vraiment dire que l’église catholique (rappelez-vous catholique veut dire universelle) des premiers siècles, est la même institution que l’EC romaine moderne ? Y a-il vraiment une continuité aussi claire qu’on voudrait nous le faire croire dans l’Eglise Catholique Romaine ? L’Eglise orthodoxe de l’Est revendique aussi la succession apostolique (Nous parlerons plus de ça dans notre vidéo sur le pape). Il y a vraiment beaucoup de problèmes avec la conclusion catholique des faits historiques.
Comme je le disais au début de cette vidéo, même s’il était vrai que l’EC nous a donné la Bible (et ce n’est pas vrai), cela signifie-t-il que je dois obéir à ce que cette institution m’enseigne, même s’ils contredisent la Bible qu’ils auraient établie ? Au contraire, si on m’enseigne à désobéir à ce que la Bible enseigne, je devrais rejeter cette autorité.
Il a une troisième école de pensée, et c’est celle que j’adopte. Je vais vous donner ici un autre spoiler, ma conclusion à l’avance :
– Le NT a été reçu progressivement, au fil du temps, de manière naturelle.
– La majeure partie du Nouveau Testament a été reçue et reconnue par l’Église chrétienne à la fin du premier siècle.
– Pour le reste on a dû attendre la fin du 4e siècle pour une acceptation universelle. Mais ce n’est pas par un concile que ça a été décidé mais les églises se sont progressivement toutes misent d’accord.
– Aucun des pères de l’Eglise et aucun des conciles ou synodes n’affirme avoir le pouvoir de décider ce que sont les Écritures et ce qu’elles ne sont pas. Les mots utilisés sont que ces livres leur ont été transmis, et qu’ils les ont reçus.
– Les Écritures sont inspirées de Dieu, elles sont les paroles de Dieu, elles portent donc son autorité. Il n’y a aucune institution qui puisse donner à des textes un caractère divin ou canonique. Les textes sont inspirés de Dieu et ensuite c’est le rôle de l’Eglise de recevoir et de reconnaître ces Écritures inspirées de Dieu. Le canon des Écritures peut donc être défini comme les textes que Dieu a inspirés et que Dieu a donnés à Son peuple, l’Église et que l’Église a reçus, reconnus et auxquels elle se soumet (+). (+). En d’autres termes, l’Église est la celle qui découvre le canon et non celle qui le détermine*.
– Le rôle du peuple de Dieu – les juifs pour l’Ancien Testament et les chrétiens pour le Nouveau Testament – n’est pas de définir les Saintes Écritures, ni d’établir les E, ni de faire autorité sur les E, mais leur rôle est de recevoir, de reconnaître le canon des E et de s’y soumettre.
2.Les Principes du canon du Nouveau Testament
La question pour les premiers chrétiens en ce qui concerne le canon était : comment reconnaître les textes qui font partie des Écritures et ceux qui ne font pas partie des Écritures ? En effet, il y a eu très vite des concurrents aux livres qui constituent notre NT. Dans la lettre aux Galates par exemple, Paul écrivait aux Galates “qu’il y [avait] des gens qui [les troublaient] et qui [voulaient] changer l’Evangile du Christ” (1:7). Pourtant la lettre aux Galates est l’un des livres du NT écrit le plus tôt après l’ascension de Jésus Christ, environ 55 après J.C. Donc déjà le problème de faux évangiles, de faux enseignements et de faux documents émergeait. Mais comme on l’a vu dans la première vidéo de cette épisode, les premiers Chrétiens savaient de toute évidence que Dieu était en train d’ajouter des textes à Ses Écritures Sacrées, maintenant la question était donc d’en connaître la limite.
Nous avons vu, dans la vidéo précédente, trois principes du canon pour l’AT (*). Nous allons voir 3 principes qui semblent avoir été appliqués par les premiers Chrétiens pour délimiter le canon du NT. Quelles questions posaient-ils au matériel qu’ils avaient à leur disposition avant de les recevoir comme canoniques ? Il faut savoir que le terme canonique n’était pas forcément le terme utilisé à l’époque, l’idée était plutôt de savoir quels livres devaient être lus dans les églises (les assemblées) et quels livres ne devaient pas être lus dans les églises.*
Donc on peut voir que les questions qu’ils posaient à ces textes étaient :
1.1 Apostolique. Premièrement, le matériel est-il apostolique ? Nous avons vu dans la partie précédente, d’où vient l’autorité des apôtres et qu’ils savaient que leurs écrits étaient des Écritures sacrées, au même niveau que celles de l’AT. Que le matériel soit apostolique, cela ne veut pas forcément dire que le texte devait être écrit par un apôtre – l’un des 12 premiers désignés par Jésus. Mais ça voulait dire que le texte devait avoir été écrit par un apôtre ou par un associé d’un apôtre. L’Évangile de Marc, par exemple, Marc était connu pour être un associé de Pierre. On savait aussi que Luc était lié à Paul. Ne retenir que les textes des apôtres ou des associés des apôtres préservait la place centrale des premiers témoins, de ceux qui avaient été en contact avec Jésus Lui-même. Et cela empêchait aussi que des documents écrits bien après le temps de Jésus s’ajoutent. Il fallait éviter qu’une longue succession de récits ultérieurs s’intègrent. Donc vérifier que les textes étaient apostoliques était quelque chose de jugé très important dès le tout début.
En effet la possibilité de circulation de faux documents était reconnue alors même que le NT était en cours de rédaction. Paul lui-même avertit les Thessaloniciens que parfois des gens utilisaient son nom pour revendiquer son autorité. C’est pourquoi, lorsque Paul dictait ses lettres, il veillait à les signer lui-même. On lit dans 2 Thess 3:17 : «La salutation est de ma propre main, à moi Paul; c’est là ma signature dans toutes les lettres: c’est ainsi que j’écris.» (2 Thess 3:17). Paul attire l’attention sur sa signature, écrite de sa propre main comme gage d’authenticité de chacune de ses lettres. Si on regarde par exemple le soi-disant Évangile de Pierre – un document du IIe siècle sans aucun lien avec Pierre, bien au-delà de la période apostolique – l’une des raisons pour laquelle il ne fut pas accepté est qu’il ne répond pas à ce premier critère, il fut écrit bien après le temps des apôtres.
- Cohérent avec le reste des Ecritures. Deuxièmement, le message de ce document est-il conforme à l’Évangile ? Est-ce conforme à ce qui a été transmis dans les documents déjà acceptés ? Est-ce que le matériel contredit les enseignements déjà acceptés ou est-ce en cohérence avec le reste des Ecritures ? C’est un principe que nous avons déjà vu lorsque nous avons traité de l’AT. Le principe de cohérence. On pourrait aussi dire le principe d’orthodoxie. Orthodoxie veut dire l’enseignement correct, opposé à l’hérésie(-). On lit, tout au long du NT, combien il était important pour les apôtres de préserver la foi qui avait été transmise aux saints une fois pour toutes (Jude verset 3 : “Bien-aimés, comme je mettais tout mon zèle à vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis vu dans la nécessité de vous adresser cette lettre, pour vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes”).
- Universellement Reconnu. Troisièmement, ce document a-t-il été universellement reconnu dans toutes les églises ? ou s’agit-il simplement d’une chose locale, un texte qui a été reconnu seulement par un groupe régional ou un groupe à part ? Est-ce que ce document est massivement accepté par toute l’Église ? Ce deuxième critère était un critère important pour éviter un jugement paroissial. Et nous verrons, en étudiant l’histoire des 400 premières années après JC, que parfois certains documents ont mis plus de temps à être acceptés que d’autres. Mais finalement, tous ont été reconnus universellement. De toute évidence, les premiers chrétiens n’avaient pas tous accès à toutes les sources pour authentifier les documents, il a fallu du temps pour que tous s’accordent, mais finalement ce fut le cas. Jésus a dit : « Mes brebis entendent ma voix, et je les connais, et elles me suivent » (Jean 10 :27). Puisque c’est de Dieu que la Bible vient et qu’elle est pour que Son peuple Le connaisse, il fallait bien que Son peuple l’a reçoive et l’a reconnaisse.
3. Les pères de l’Eglise
Un disclaimer ici, quand on parle des pères de l’Église, on pense souvent qu’il s’agit de catholiques, mais si vous lisez ces pères de l’Église vous verrez (comme on l’a vu avec Saint Jérôme par exemple) qu’ils avaient beaucoup de croyances qui sont différentes d’un catholique moderne, ou du pape actuel. Beaucoup d’eux seraient considérés anathèmes par l’EC moderne. Et beaucoup de ces pères de l’Eglise sont aussi considérés comme les pères de l’Eglise orthodoxe*. Donc ne vous mettez pas à penser que je cite des catholiques, ou même des orthodoxes. Je cite des auteurs chrétiens des 4 premiers siècles. C’est inutile aux catholiques, orthodoxes ou aux protestants d’essayer de s’approprier ces pères de l’Eglise. Je ne prétend pas qu’ils avaient tous les mêmes croyances que les chrétiens protestants. Ils étaient qui ils étaient, il y avait beaucoup de différences entre chacun d’eux. Et ce qui nous intéresse, c’est à quel moment les chrétiens ont reconnu tous les livres du NT. Je cite donc des chrétiens, certains étaient des chefs religieux, d’autres étaient simplement des histoires ou des écrivains chrétiens.
Nous allons maintenant étudier comment le canon du NT a été reconnu par les chrétiens (+)
4.Le NT dans l’Eglise Primitive
Nous allons maintenant voir les écrits des premiers chrétiens, nous allons voir quelques écrits des 400 premières années. Comme je l’avais expliqué au début, pour comprendre ce que penser les premiers chrétiens des textes du NT, il serait peu judicieux de commencer 300 après le NT, dans l’aire de conciles et du Christianisme comme religion d’état, comme beaucoup de gens le font. Nous nous voulons voir ce que les Chrétiens avaient comme textes du NT : au temps du NT (comme nous l’avons vu en première partie) et au temps juste après le NT, comme nous allons le voir maintenant.
Les Chrétiens avaient-ils déjà accès aux livres du NT ou ont-il dû attendre plusieurs siècles pour que ces textes soient reconnus et utilisés dans les églises ?
Rappelez-vous que l’Apocalypse a été écrite vers 94 après JC. (Toutes les dates présentées ici sont approximatives).
96 après JC La première épître de Clément est une lettre adressée aux chrétiens de la ville de Corinthe. Il y cite ou fait référence à au moins 11 livres du Nouveau Testament. (Matthieu, Luc, Actes, Romains, 1 Corinthiens, Éphésiens, 1 Timothée, Tite, Hébreux, Jacques, 2 Pierre)(+*) Il ne rejette pas les autres livres du Nouveau Testament, mais il cite ou fait allusion à seulement ces 11 livres. C’est plutôt pas mal, citer 11 livres en une seule lettre. Et lorsqu’il parle de 1 Corinthiens, il l’appelle une épître apostolique de Paul, que Paul a écrite dans l’Esprit. On retrouve ici cette idée que l’on lit dans 2 Tim 3:16 que les Écritures sont inspirées de Dieu, et de 2 Pierre 1:21 que “c’est poussés par l’Esprit-Saint que les saints hommes de Dieu ont parlé.” (2 Pierre 1:21)
100 après JC, la Didache ou L’Enseignement des douze apôtres est un manuel chrétien. L’auteur cite et fait abondamment allusion à l’évangile de Matthieu. En fait presque exclusivement(+)
105 après JC Ignace d’Antioche. Il connaît avec certitude au moins 6 livres du NT, mais peut-être 15 si l’on regarde les livres auxquels il fait allusion.(+)
110 après JC Polycarpe, évêque de Smyrne. Dans sa lettre aux Philippiens, il cite 17 des 27 livres du Nouveau Testament. Il appelle la lettre aux Ephésiens, ‘Écritures’. (+) Sa lettre est plutôt courte, mais elle est pleine de citations, principalement du NT. Nous pouvons voir à partir de là quel genre d’environnement régnait dans l’Église primitive, combien les Écritures étaient utilisées et citées les uns aux autres.
130 après JC L’épître de Barnabas. Il cite « C’est écrit : Beaucoup sont appelés, peu sont élus » Une citation directe de Matthieu 22 : 14. Il ne cite pas la tradition orale puisqu’il écrit : « c’est écrit ». (+)
150 après JC. Justin Martyr. Apologiste des premiers chrétiens. Il cite les 4 évangiles et les appelle les « Mémoires des apôtres ». (+ +)(-)
180 après JC Irénée. Il a dit qu’il y avait 4 évangiles et seulement 4 évangiles. Parce qu’à ce moment-là, de faux évangiles commençaient à apparaître. (+) Et il cite 23 des 27 livres du NT
Prenons un moment ici, avant d’aller plus loin dans le temps, pour reconnaître que ce que nous n’avons pas ici, c’est la moitié des pères de l’Église qui affirment les livres du Nouveau Testament et l’autre moitié qui les nient. Au contraire, nous voyons un environnement dans lequel les livres du NT sont connus et lus, il n’y a pas encore de liste de tous les livres du NT mais pourtant ils sont déjà tous cités. *
On a vu que Irénée est le premier (en tout cas d’après les sources qu’on a) à spécifier qu’il n’y ait que 4 évangiles et pas un de plus ou pas un de moins. On est seulement dans les années 180 et déjà de faux documents sont créés et leurs auteurs veulent les faire accepter par les églises. Si on regarde le soi-disant Évangile de Thomas par exemple (l’un des faux évangiles les plus célèbres, qui a probablement été écrit dans les années 140) ce n’est pas un évangile du tout. Il ne contient aucun élément de l’histoire de l’Évangile que l’on retrouve dans les 4 évangiles canoniques et dont on a parlé au début de la première vidéo de cet épisode. Il s’agit en fait de 114 citations de Jésus avec 3 petits extraits de récit qui n’incluent pas la Passion ou la résurrection du Christ. Les citations sont complétement hérétiques et parfois même risibles, comme le dernier verset : “Mais moi, je vous le dis : « Toute femme qui se fera homme entrera dans le royaume des cieux. »” (Evangile de Thomas 114:3) Donc il n’est pas orthodoxe, il n’est pas non plus apostolique, écrit au milieu du IIe siècle et il fut rapidement rejeté par les églises.
Mais tout ça nous permet de voir qu’alors que le NT n’était pas encore universellement accepté, il circulaient de faux Évangiles, de fausses épîtres, et même de faux canons. Les Chrétiens de l’époque débattaient donc sur quels livres devaient être lus dans les églises, et lesquels devaient être interdits. Puisqu’il n’y avait pas de centre géographique d’autorité à cause de la persécution massive des chrétiens dans l’empire romain, il était difficile d’arriver à un consensus rapide. C’était par lettres et dans des lieux géographiques de plus en plus éloignés que les chrétiens communiquaient, il était difficile dans ces conditions de partager les sources pour authentifier les documents. Comme on a vu, il fallait que toutes les églises arrivent à la même conclusion, ce qui prenait du temps. C’est une bonne chose que le canon n’ait pas été reconnu de façon hâtive ou baclé, on voit que les premiers chrétiens voulaient s’assurer que les livres lus dans les églises étaient bien les Ecritures.
On va voir que souvent les historiens et écrivains chrétiens de l’époque, pour témoigner d’où en était la reconnaissance du canon du NT, regroupaient les livres en 3 catégories. Premièrement les livres déjà reconnus par tous (qui remplissent les critères du canon du NT que nous avons vu plus tôt), deuxièmement les livres contestés (des discussions sont encore en cours pour authentifier ces livres), et troisièmement les livres faux ou hérétiques (livres qu’il faut simplement interdire dans les églises). Vous verrez qu’aucun des livres de notre NT s’est retrouvé dans la dernière catégorie. Mais certains livres de notre NT ont passé plusieurs années dans la deuxième catégorie, avant d’être acceptés. Mais en fait, se sont seulement quelques-uns de nos livres actuels du Nouveau Testament ont même été remis en question*. La plupart des doutes étaient dus à un manque d’information sur l’origine de ces livres, informations qui prenaient du temps a être transmises. On ne trouve donc aucun exemple de livre faisant parti du Nouveau Testament qui ait été initialement mis en doute par un grand nombre de croyants puis accepté par la suite*.
244 après JC Origène. Il cite l’ensemble des 27 livres du Nouveau Testament mais il exprime qu’il y a encore des désaccords dans l’église en ce qui concerne certains livres. Nous pouvons voir de par ce qu’il a écrit qu’il y avait un accord commun sur la plupart des livres de notre NT, mais pour d’autres il y avait encore des discussions, justement parce que de faux évangiles et épîtres étaient en circulation. Il fallait donc vérifier que les textes lus dans les Églises remplissaient bien les critères que nous avons vu plus tôt*. Origen appelle 2 Pierre « contesté ». Il écrit : Pierre « a laissé une épître reconnue ; peut-être aussi une seconde, mais cela est contesté.» Il écrit à propos de 2 et 3 Jean : Jean « a aussi laissé une épître de très peu de lignes ; et, peut-être, un deuxième et un troisième ; car tous ne disent pas qu’ils sont authentiques – mais les deux ne font pas cent lignes.» Ces livres n’étaient donc pas encore reçus comme canonique, puisqu’encore contestés. Ils seront reconnus dans les années suivantes. C’est intéressant aussi de voir qu’Origène ne dit pas que l’Église a le pouvoir d’appeler quoi que ce soit Écritures, il informe simplement son lecteur sur ce que l’Église a reçu et n’a pas reçu jusqu’à présent.(+)
320-330 Eusèbe. Premier historien de l’Église chrétienne. Parfois appelé le « Père de l’histoire de l’Église ». Il écrit où en sont les églises sur la reconnaissance du canon. Il donne quatre catégories : les livres reconnus, les livres disputés, les livres faux, et les livres hérétiques. Aucun des livres de notre NT n’étaient dans la partie des livres faux ou hérétiques. Mais les livres encore en cours de discussion sont : Jacques, Jude, 2 Pierre, 2 et 3 Jean. Les autres 22 livres du NT sont reconnus (*).
On entre maintenant dans l’ère des conciles. Le christianisme n’est plus une religion illégale et les chrétiens jouissent de la liberté de religion dans l’Empire romain.
325 après JC Le Concile de Nicée, bien que très important, n’a pas abordé la question du canon des Écritures. Ce n’était pas à l’ordre du jour. Ca c’est l’une des idées de Dan Brown, l’auteur du Da Vinci Code.
350 après JC Cyrille de Jérusalem. Il donne une liste de livres du N et de l’AT (il n’inclut pas les apocryphes de l’OT, à l’exception de Baruch). Et il cite 26 des 27 livres comme étant des Écritures. Laissant de côté l’Apocalypse. Le livre de l’Apocalypse de Jean est le dernier livre du NT à avoir été reçu. À l’époque, une secte utilisait des parties de l’Apocalypse pour propager ses croyances. Cette secte était appelée le montanisme et devait son nom à un soi-disant prophète nommé Montanus. Cette secte enseignait que le Saint-Esprit continuait de donner de nouvelles révélations à travers Montanus et ses disciples et que Jésus amènerait bientôt la Nouvelle Jérusalem en Phrygie, en Asie Mineure. Montanus affirmait que le Saint-Esprit parlait à travers lui lors de ses transes extatiques. Il prétendait carrément être l’incarnation du Saint Esprit. Deux femmes prophétaient également avec Montanus dans des états de transe ou d’extase et ensemble ils s’appelaient « les Trois ». Ils enseignaient un code moral strict et encourageaient leurs disciples à mourir en martyr. Cette secte utilisait beaucoup de passages de l’Apocalypse de Jean et c’est pour cette raison que les chrétiens de l’époque ne voulaient pas tous que ce livre soit lu dans les églises, pas forcément parce qu’il ne le considèraient pas comme inspiré, mais parce qu’ils craignaient des abus. Il a fallu encore quelques années avant qu’il soit reconnu (+)
367 après JC Athanase. Il énumère les 27 livres du Nouveau Testament, y compris l’Apocalypse. Athanase est le premier chrétien à avoir énuméré les 27 livres du NT comme étant les livres reconnus par les églises . Il écrivit ceci dans une lettre en 367 après J.C. C’était une ancienne coutume que l’évêque d’Alexandrie écrivait chaque année une lettre adressée aux églises et monastères égyptiens placés sous son autorité. *(+). C’est dans cette lettre* qu’il énumère les livres de l’AT, sans citer les apocryphes (à l’exception de Baruch et l’épître de Jérémie, de la même manière que Cyrille de Jérusalem), ainsi que les 27 livres du NT. Athanase était un fervent défenseur de la foi orthodoxe (c’est-à-dire correct, opposé à hérétique), il avait participé au Concile de Nicée de 325 et il avait beaucoup écrit contre l’Arianisme (le grand groupe hérétique de son temps). L’arianisme était une doctrine issue d’Arius, un prêtre qui enseignait à Alexandrie, qui affirmait que Jésus n’était pas Dieu. L’arianisme avait déjà été dénoncé au Concile de Nicée. Athanase servant lui-même à Alexandrie, avait très à cœur de corriger les dérives de l’Arianisme. Transmettre à ses paroissiens la liste des livres du NT était sûrement donc important pour lui, pour les aider à rester dans la foi apostolique. 367 après J.C, nous sommes donc à un point de l’histoire où il semblerait que les églises se soient enfin accordées sur le canon du NT, et Athanase voulait transmettre ce consensus à ses paroissiens. Pour autant que nous le sachions, Athanase est le premier Chrétien a avoir identifié les 27 livres du NT, mais il est possible que d’autres documents écrits avant celui-ci qui partageait ce consensus sur le NT, mais nous n’avons pas de trace. En effet Athanase dit à ses lecteurs qu’il leur écrit ce qu’ils savaient déjà : “Je vous exhorte donc à faire preuve de patience lorsque, par égard pour le besoin et le bénéfice de l’Église, je mentionne dans ma lettre des sujets que vous connaissez.” Il ne faisait que reconnaître et rapporter le consensus général mais non officiel des Églises.**(*). Athanase ne prétendait pas avoir autorité de décider ce qui fait et ne fait pas partie du canon. Au chapitre 6, juste après sa liste il écrit : « Ce sont des sources de salut, afin que ceux qui ont soif soient rassasiés des paroles vivantes qu’elles contiennent. C’est en elles seules que la doctrine de la piété est proclamée. Que personne n’y ajoute rien, qu’il n’y retranche rien (cette dernière phrase est citée de l’Apocalypse et de Deutéronome).» (+) Athanase non seulement témoigne du consensus sur le canon de la Bible mais il insiste sur l’autorité des écritures, il écrit que ce sont des sources du salut et même qu’en elles seules la doctrine de la piété est proclamée.
393 après JC dans l’un des synodes d’Hippone (dans les premiers siècles les mots synodes et conciles sont synonymes (+)). les 27 livres du NT sont énumérés. Notez que ce n’est pas un concile ecuménique. (+)
397 après JC Augustin dans son livre “doctrine Chrétienne” liste les 27 livres du NT (+)
Vous voyez l’idée, l’Église finit par recevoir l’ensemble du NT.
Mais regardons un dernier synode.
397 après JC. Un des synodes de Carthage. Ils listent les 27 livres du NT. Le même canon répertorié à l’un des synodes d’Hippo. Regardons de plus près deux choses qui sont écrites à la fin de ce document. Il est dit : « Que l’Église transmarine soit donc consultée pour confirmer ce canon. (…) Parce que nous avons reçu de nos pères que ces livres doivent être lus dans l’Église.» (+)
Remarquez deux choses ici. Premièrement. C’était un concile régional, un synode. Comme à Hippo. Ce n’est pas un concile œcuménique. C’est pourquoi on peut lire : « que l’Église transmarine (ou à l’étranger) soit consultée pour confirmer ce canon ».
Quand il y a t-il eu un concile ecuménique qui confirme le canon de la Bible de façon officielle ? Au Concile de Trente, la 4ème session, en 1546. Ainsi, avant 1546, les catholiques pouvaient encore être en désaccord sur le canon, ils n’étaient pas anathèmes s’ils en débattaient. C’est pourquoi nous voyons tout au long de l’histoire de l’Église de nombreux pères de l’Église et saints catholiques débattre de cette liste (comme nous en avons parlé dans la section concernant les apocryphes de l’Ancien Testament dans la vidéo précédente). Mais à partir de 1546 les catholiques ne peuvent plus être en désaccord sur ce point. Nous lisons dans le concile de Trent : “Si quelqu’un ne reçoit pas, pour sacrés et canoniques, ces livres entiers avec toutes leurs parties (…) qu’il soit anathème.”*
Il y a donc bien eu un concile qui a mis tous les catholiques d’accord sur le canon de la Bible, mais ce n’était pas Hippo ou Carthage, c’était le concile de Trente en 1546.
La deuxième chose à remarquer ici, c’est qu’à nouveau, nous lisons le mot « reçu ». Dans tous ces pères d’Église, historiens et conciles que nous venons de voir, les auteurs parlent des livres qu’ils ont « reçus », ou des livres qui leur ont été « transmis ». Mais ils ne parlent pas d’un moment où l’Église a établi ou décidé ce que sont les Écritures. Ces auteurs (père de l’Eglise, historiens ou auteurs) n’affirment jamais que ce sont eux qui ont reçu ou rejeter certains documents, mais ils témoignent de ce qui a été collectivement reçu et ce qui a été collectivement rejeté. Nous avons une cohérence entre tous ces auteurs, ils sont conscients qu’ils ne se prononcent pas sur les Écritures, mais que les Écritures ont été écrites et que les chrétiens les reconnaissent progressivement, au fil du temps.
Le développement du canon du NT s’est donc fait graduellement. Dieu œuvre à travers l’histoire et à travers Son peuple. Les sceptiques et les apologistes catholiques essaieront de donner l’impression que le NT a été décidé par des conciles, dans la fin des années 300, soit pour dire que l’ECC a fait la Bible soit pour dire qu’il s’agit d’une religion inventée. Mais ce que nous constatons, c’est qu’au milieu des années 100 – vers les années 150 – les chrétiens avaient déjà reçu la majeure partie du Nouveau Testament. Au milieu des années 100, les évangiles et les lettres de Paul étaient universellement acceptés et les autres furent acceptés de façon progressive.
La plupart des livres du NT n’ont donc jamais été contestés. Les 4 évangiles, le livres des Actes, les 10 lettres de Paul, 1 Jean et 1 Pierre. Jamais contestés. Non seulement jamais rejeté, mais encore plus que ça, jamais contesté. Ensuite, il y a eu des livres qui ont été débattus, toutes les églises ne les connaissaient pas ou ne les considéraient pas comme des Écritures dès le départ, mais ils ont finalement été acceptés. Hébreux, Jacques, 2 Pierre, Jude, 2 et 3 Jean, Apocalypse et les épîtres pastorales.
C’est bien vers la fin des années 300 que les 27 livres du NT sont tous reconnus. Tous les livres sont remplis les critères que nous avons vu : Est-ce un document apostolique ? Le message de ce document est-il conforme à l’Évangile ? Ce document a-t-il été universellement reconnu dans toutes les églises ?
Nous constatons donc un accord unanime sur les 27 livres du NT à la fin des années 300, même si bien avant cela les Chrétiens avaient un canon qu’on pourrait appeler de “fonctionnel”, avec la plupart des livres de NT. Dieu a donc œuvré providentiellement dans l’histoire du monde et de Son peuple, pour reconnaître les Écritures qu’il avait inspirées. Jésus a dit que ses brebis reconnaîtront sa voix. (Jean 10:27) Elles l’ont reconnu et la reconnaisse encore.
VI. Conclusion
2. Conclusion générale :
Ainsi, dans cette épisode en trois partie, nous avons examiné la prétention de l’EC d’avoir établi la Bible. Nous avons constaté que cette prétention était fausse.
Les Écritures sont inspirées par Dieu, elles sont la Parole de Dieu, elles portent donc son autorité. Aucun concile ou décision d’hommes n’a établi les Écritures ou a rendu les textes du NT inspirés de Dieu, ils l’étaient dès lors qu’ils ont été écrits.
Le rôle du peuple de Dieu, les juifs pour l’Ancien Testament et les chrétiens pour le Nouveau Testament, n’est pas de définir, d’établir ou de faire autorité sur les E, mais leur rôle est de recevoir, de reconnaître le canon des E et de s’y soumettre.
Nous avons étudié comment le peuple de Dieu a reçu et reconnu ces Écritures. Les termes utilisés ici sont importants. Ils n’ont jamais prétendu eux-mêmes avoir établi ou décidé ce qui constituait ou non les Écritures. Ils les ont reçues et reconnues.
Nous avons vu comment les juifs, durant les 400 ans qui ont suivi l’achèvement de l’AT ont reçu et reconnu le canon de l’AT. Et comment les Chrétiens, durant les 400 ans qui ont suivi l’achèvement du NT ont reçu et reconnu le canon de l’AT.
2. Reconnaissance :
Il va s’en dire que nous devons la Bible à Dieu. “C’est poussés par l’Esprit-Saint que les saints hommes de Dieu ont parlé.” et “ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée.” (2 Pierre 1:21) Comme l’apôtre Paul l’a écrit.
Nous pouvons, comme le psalmiste, rendre gloire à Dieu pour Sa Parole :
“La loi de Yahweh est parfaite : elle restaure l’âme. Le témoignage de Yahweh est sur : il donne la sagesse aux simples. 9 Les ordonnances de Yahweh sont droites elles réjouissent les coeurs. Le précepte de Yahweh est pur : il éclaire les yeux. 10 La crainte de Yahweh est sainte : elle subsiste à jamais. Les décrets de Yahweh sont vrais :ils sont tous justes. 11 Ils sont plus précieux que l’or, que beaucoup d’or fin ; plus doux que le miel, que celui qui coule des rayons 12 Ton serviteur aussi est éclairé par eux; grande récompense à qui les observe.”
Et on peut rendre gloire à Dieu et Lui être reconnaissant d’avoir utilisé des hommes et des femmes à travers les âges pour écrire, recevoir, reconnaître et préserver Sa Parole, pour que nous l’ayons encore aujourd’hui.
Beaucoup de gens auraient donné tout ce qu’ils avaient pour avoir accès à leur propre copie de la Bible, et aujourd’hui, elle est nous est disponible si facilement. Et encore aujourd’hui, pour beaucoup de gens, cette Bible est toujours inaccessible, que ce soit, qu’elle ne n’est pas traduite dans leur langue, ou qu’elle n’est pas autorisée dans leur pays et passée clandestinement au risque de leurs vies. Nous pouvons donc être reconnaissants à Dieu d’avoir utilisé des hommes et des femmes tout au long de l’histoire, pour qu’aujourd’hui nous ayons accès à la Bible dans notre langue, et sans danger.
Et Dieu a tout d’abord utilisé des juifs pour écrire, recevoir, reconnaître et préserver Sa Parole. Et ils l’ont conservé, préservé à travers des périodes d’exodes, de persécutions et de guerres. Pourtant ils l’ont si bien conservé qu’aujourd’hui des archéologues continuent de déterrer des manuscrits très anciens et de trouver très peu de différences avec tous les autres manuscrits dont nous disposons et sur lesquels nous basons nos traductions de l’AT. En effet, les Juifs prenaient très au sérieux la copie correcte de leurs Écritures. Nous pouvons donc être reconnaissants envers tous les Juifs qui ont fait cela. (+)
Puis Dieu a utilisé les premiers chrétiens pour écrire, recevoir et reconnaître le Nouveau Testament. Nous pouvons être reconnaissants qu’ils aient considéré ces textes comme Écritures très tôt et qu’ils en aient fait tant de copies. Grâce à cela nous pouvons avoir une grande confiance en les textes du Nouveau Testament. Nous pouvons être reconnaissants de tous les chrétiens qui pendant les 300 premières années après l’ascension de Jésus, préservaient ces textes au risque de leurs vies.
Nous pouvons également être reconnaissants envers les catholiques qui ont conservé la Bible à travers les âges, on peut penser par exemple aux moines qui copiaient la Bible durant Moyen Âge, à une époque où peu de gens savaient écrire et où il n’y avait pas encore l’imprimerie.
Et nous pouvons également être reconnaissants envers les réformateurs protestants d’avoir compris l’importance non seulement de préserver la Bible mais aussi de la proclamer la Bible et de la rendre accessible à tous et dans la langue de chacun. Nous pouvons être reconnaissants qu’ils aient redécouvert l’Evangile enseigné dans la Bible, l’Evangile de la Grâce, du salut par la foi et non par la foi et les actes, et qu’ils l’aient proclamé au risque de leurs vies.
Nous pouvons être reconnaissants envers toutes les personnes que Dieu a utilisées dans l’Histoire pour que nous ayons aujourd’hui accès à la Parole de Dieu. Ces gens nous ont transmis la Parole de Dieu, maintenant c’est à nous de la suivre. Et c’est à nous de rejeter les autorités qui voudraient nous en éloigner. Restons inébranlablement attachés à Sa Parole(Heb 10:23), elle est notre vie, comme Moise le dit : “Ces paroles qui nous ont été proclamées, ce n’est pas une chose indifférente pour vous; c’est votre vie” (Deut 32:37). Et comme Jésus l’a dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point ». (Matt 24:35)
3.Fin
J’espère vous avoir encouragé aujourd’hui à lire la Bible, et à faire comme les Béréens dans le chapitre 17 des Actes, et à examiner les Ecritures pour voir si ce que je vous enseigne est exact*.
Je vous encourage à lire la Bible chaque jour, à méditer la Parole de Dieu, à la cacher dans votre coeur et à prier comme l’auteur du Psaume 119, Seigneur « Ouvre mes yeux, pour que je contemple, les merveilles de ta loi ». Psaume 119:18.
Pour aller plus loin :
En français :
Par La Foi : https://www.youtube.com/@parlafoi
Just For Catholics en français : http://www.justforcatholics.org/francais.htm
Gotquestions : https://www.gotquestions.org/Francais/Catholique-questions.html
En anglais :
Gavin Ortlund : https://www.youtube.com/@TruthUnites
Mike Winger : https://www.youtube.com/watch?v=91n6erthX6A&list=PLZ3iRMLYFlHvsToYQdfDkiDE6dPkouIv3
James White : https://www.youtube.com/watch?v=hkSWkf02nJo&list=PLBby84KboLbHnG56Xzlq_91kxhfeSHp_b
Michael Kruger : https://www.youtube.com/watch?v=vPUBjRxDQXo
R.C Sproul : https://www.youtube.com/watch?v=35A3oXb661k